Débranchez-moi, chanson dédiée à Vincent Humbert et Marie Humbert
J'ai suivi l'histoire mêlée de Vincent Humbert (à ne pas confondre avec la situation, évoquée plus récemment par la presse, de Vincent Lambert), devenu tétraplégique à la suite d'un accident en septembre 2000, de sa mère Marie Humbert et du médecin qui le suivait, Frédéric Chaussoy.
Deux ans après son accident, Vincent Humbert s'adresse par courrier au président de la République avec cette phrase forte: «Vous avez le droit de grâce et moi, je vous demande le droit de mourir», souhait qu'il justifie par son état de conscience : « je pense que tout patient ayant parfaitement conscience est responsable de ses actes et a le droit de vouloir continuer à vivre ou à mourir ».
Sources : Lettre de Vincent Humbert reproduite par l'Association pour le droit de mourir dans la dignité
http://www.admd.net/la-salle-de-presse/temoignage-de-vincent-humbert.html.
Un an après cette lettre, Marie Humbert et Frédéric Chaussoy répondent à l'attente de Vincent Humbert. Ils sont mis en examen mais une ordonnance de non-lieu est rendue le 27 février 2006, mettant fin aux poursuites pénales.
Eléments de cette ordonnance : http://www.lemonde.fr/societe/article/2006/02/28/non-lieu-general-dans-l-affaire-du-tetraplegique-vincent-humbert_745970_3224.html.
Je suis au fait de cette histoire et sensibilisée par le choix difficile auquel ces trois protagonistes ont été confrontés. A l'annonce de ce non-lieu, Marie Humbert est sollicitée par les médias. Je l'entends à la radio et suis touchée par ce qu'elle exprime. Emue par cette histoire et par la réaction de Marie Humbert que je sens désemparée, j'écris « Débranchez-moi » à la suite de sa déclaration. Marie Humbert fait part le soir, dans des termes similaires, de sa déception à l'égard du non-lieu : « J'ai l'impression que c'est enfouir le problème, c'est-à-dire que la justice, en disant il y a un non-lieu, dit que Vincent n'a rien fait, que moi je n'ai rien fait et qu'on va oublier cette histoire ».
Source : témoignage de Marie Humbert au journal de 20h du 27 février 2006 sur TF1.
Cette situation, à laquelle les trois protagonistes Vincent Humbert, Marie Humbert et Frédéric Chaussoy ont été confrontés, bouleverse des citoyens et bouscule le législateur
qui s'en empare et produit la loi Léonetti en 2005 et
le rapport Sicard en 2012.
Un dossier rappelle ces évolutions : http://www.huffingtonpost.fr/2013/09/26/euthanasie-vincent-humbert-loi_n_3961765.html et un article fait état d'une proposition de loi examinée en
février 2014 au Sénat et des législations adoptées dans d'autres pays européens :
http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/02/14/legalisation-de-l-euthanasie-ou-en-sont-les-pays-europeens_4366306_1651302.html
Sélie, le 12 mai 2014
Chet Baker
Chet baker a le don de me réchauffer le cœur quels que soient mes soucis.
Je l'ai découvert avec un album sorti en 1959, intitulé "Chet", illustré par une très belle photo de Melvin Sokolski, que je préfère à celle présentée sur son site qui est à découvrir :
http://www.sokolsky.com/#/beauty/portraits/chetbaker
William Claxton a également réalisé de très belles photos :
http://www.faheykleingallery.com/photographers/claxton/personal/jazz/claxton_pp_jazz_frames.htm
Cet album, intitulé Chet, est l'un de mes préférés.
Des braises, des flammes qui lèchent les bûches, une lumière rouge tamisée, un verre ciselé d'un délicieux vin... carmin pour jouer sur toute la gamme chaude des rouges et...
Chet Baker.
You, the night and the music
Whttp://www.youtube.com/watch?v=wErT_wmKhns
Surtout ne pas parler.
Sélie, le 12 mai 2014
Roberto Saviano
Journaliste italien né en 1979, il publie en 2006 son premier roman Gomorra qui s'attache à présenter la Camorra,
organisation mafieuse napolitaine. Le succès de ce livre lui vaut de vivre sous protection rapprochée.
Un très bon documentaire, réalisé en 2010 par Elisa Mantin et diffusé sur la LCP (pas de moyen à
ma connaissance de le visionner de nouveau), présente les engagements de Roberto Saviano et ses conséquences sur sa vie privée.
Celle-ci peut être considérée comme étant devenue très privée car il vit sous la protection permanente de gardes du corps
et ne peut donc accéder à une vie « publique » dite « normale ».
A travers ce documentaire, Saviano apparaît notamment comme un homme attachant, réfléchi et volontaire.
J'ai été happée par la question que pose un tel engagement : que suis-je prêt(e) à perdre pour que le monde y gagne quelque chose ?
Si vous maîtrisez l'italien (mais un Italien est-il maîtrisable ?!), vous pouvez consulter son site officiel
http://www.robertosaviano.it/
dont une page est rédigée en français :
http://www.robertosaviano.it/rassegna/saviano-la-vie-blindee-dun-ecrivain/
sinon une page Facebook, dont il n'est pas l'auteur, lui est consacrée avec des informations intéressantes
https://fr-fr.facebook.com/pages/Roberto-Saviano-News-France/169865556398404.
Par ailleurs, un dossier recense les articles parus sur le site du Nouvel Observateur concernant la
Camorra :
http://tempsreel.nouvelobs.com/tag/camorra
Sélie, le 12 mai 2014
Angelin Preljocaj
Je suis tombée amoureuse d'Angelin Preljocaj alors que j'avais 14 ans. Du personnage, du danseur, du chorégraphe. Il a de quoi vous sortir d'une traversée du désert.
Un beau souvenir : Blanche-neige. Des décors féériques de Thierry Leproust, des costumes de mon créateur préféré Jean-Paul Gaultier, une musique de circonstance de Mahler et des danseurs époustouflants qui nous entraînent dans cette histoire et nous donnent envie de sortir de nous-mêmes.
L'extrait filmé ne laisse qu'entrevoir la magie :
http://www.youtube.com/watch?v=AHXT8q69kWY
Une récente prise de position sur le lien entre culture et politique qui, rappelons le, signifie "qui concerne le citoyen" :
http://www.lesinrocks.com/2014/03/27/actualite/angelin-preljocaj-en-tant-quartiste-doit-agir-11492036/
Sélie, le 12 mai 2014
Chatte sur un toit brûlant
Un soir d'été. De l'orage dans l'air et sur scène. Des décors sobres adossés au château de Grignan. Une robe légère et seyante. Une actrice lumineuse avec du peps et une force de conviction. Des parents vieillissants bouleversants.
Je me suis laissée emporter par ce doux cyclone.
Sélie, le 12 mai 2014
Shai Maestro trio
Shai Maestro, à gauche de la scène, tend l'oreille gauche vers son piano et nous offre la face droite de son visage.
A droite de la scène, Ziv Ravitz, en miroir, tend l'oreille droite vers sa batterie et nous offre la face gauche de son visage.
Jorge Roeder et sa contrebasse, au centre, un peu en arrière, ferme le triangle.
Le plaisir qu'ils avaient en entrant sur scène laisse à ce moment précis la place à leur concentration, palpable. Et puis Shai Maestro se lance et les trois nous entraînent dans leur jeu.
Ce concert a lieu dans une charmante salle intimiste de Viviers (Ardèche) avec balcons. On se croirait à l'opéra et c'est l'apéro : une dégustation nous est offerte après le concert par deux viticulteurs locaux. L'occasion de discuter avec les musiciens, affables. Ils ne se la pètent pas, comme on dit, loin de là. Ils sont tout sourire, de charmants charmeurs. Ah ! Comme on aimerait les inviter dans son salon pour un bœuf !
Sélie, le 04 juin 2014
Se battre et débattre, hommage à Bernard Maris
Bernard Maris, permettez-moi de vous écrire, chose que je n'aurais jamais faite si vous n'étiez mort prématurément.
Toutefois j'ai beaucoup moins de chance que vous me lisiez à présent. Il n'empêche, j'aimerais vous dire deux ou trois choses.
Tout d'abord que je pleure en écrivant ces lignes. Sensiblerie pourrait-on dire ? Peu m'importe, je suis triste.
Voilà, j'aimerais vous appeler «le truculent Bernard Maris» car je ne savais même pas que vous étiez «Oncle Bernard».
Pour moi vous étiez avant tout une voix et quelle voix ! J'écoute la radio essentiellement dans ma voiture,
avec mon autoradio à cassette qui n'affiche plus les stations alors je zappe pour trouver ce qui m'intéresse.
Votre voix c'était un peu comme une chanson dont aux premiers accords on reconnaît le titre et à peine vous entendais-je que j'éprouvais une satisfaction gourmande,
que je me réjouissais à l'avance de passer un bon moment.
Comme tous les bons moments, il était court.
Je ne suis pas une dingue d'économie et vous avoue que j'ai souvent du mal à en comprendre les enjeux mais avec vous c'était un petit plaisir.
D'abord le sentiment de comprendre, ce qui n'est pas rien, qui me faisait me sentir plus «intelligente».
Voilà, c'est sans doute l'une des clefs d'un bon enseignement, d'une bonne transmission du savoir : donner le sentiment à l'autre qu'il est intelligent parce qu'il vous comprend.
Hormis ce sentiment de me sentir plus riche en vous écoutant (vous n'étiez pourtant pas de ces économistes qui prônent la course au profit !),
j'aimais me laisser emporter par votre ardeur. Il est vrai que parfois cela allait un peu vite mais peu importe si je ne pigeais pas tout,
je me laissais entraîner par le courant. J'aimais votre engagement, votre combat pour une société meilleure,
votre enthousiasme communicatif et votre franchise.
Parce que j'ai également le souvenir que vous ne pratiquiez pas la langue de bois et que vous défendiez vos propos ou attaquiez ceux de votre interlocuteur
avec une ferveur qui n'excluait pas la bienveillance. En somme vous pouviez aller contre les propos de votre interlocuteur tout en le respectant.
Cela paraissait même un jeu oratoire, comme des gamins qui s'amusent à se battre, vous vous amusiez à débattre.
Je n'aurai plus ce petit sourire qui me venait en vous écoutant. Vous allez me manquer, vous allez manquer à beaucoup.
L'une de mes nièces disait à sa sœur avant ses devoirs d'économie : «t'inquiète, Bernard Maris est en toi».
Voilà, j'ai appris ce jour que José Arthur, une autre voix que j'aimais, vous aurait tous rejoint. Où, je ne sais pas mais il semblerait que ce soit «the place to be» en ce mois de janvier.
Quand on perd quelqu'un et que l'on a profité de l'existence de cette personne on se dit qu'on est content de l'avoir connu. Alors contente de vous avoir connu, Bernard. Et merci. Merci Bernard !
Sélie, le 25 janvier 2015
Ida
Certains films sont un hymne à la photographie tel Ida, de Pawel Pawlikowski (2013), qui m'a éblouie. Pas mal pour un noir et blanc ! Comme quoi la lumière devait être bien travaillée...
Sélie, le 23 juillet 2015